La mine de Pyrite

La mine de Pyrite
Mine de Pyrithe (crédit photo Laure Delahaye)

Il y eut à Saint-Romain au lieu-dit « les Chabannes », un grand projet de carrière destiné à l’extraction de pyrite, qui rejoignait les communes de Thiviers, Saint-Romain, Saint-Jean-de-Côle et Saint-Martin de Fressengeas.

A la suite d’un prélèvement d’échantillon de minerai effectué sur la propriété du maire de l’époque, M. Magne Lalardie, Monsieur Sautet, fabricant d’acide sulfurique à Périgueux, reconnu la teneur du minerai. Il traita l’exploitation de la carrière directement avec Monsieur Magne-Lalardie, le 6 février 1884, pour une durée de vingt ans à raison de deux francs le m3 pour l’extraction de toutes les pyrites sur sa propriété et sans demande de concession.
Pour réaliser une exploitation correcte, M. Sautet s’aboucha avec une société agenaise la maison Jaille, spécialiste en engrais, en vue de la création d’une grande usine d’acide sulfurique et d’engrais chimiques.

Le 21 avril 1884

Les voisins immédiats de cette exploitation, M. le comte de Vococourt, Jean Sudrie (ex lieutenant-Colonel), Charles Émile Bernard du Temple (pharmacien de 1ère classe à Limoges) croyant à l’extraction de métaux précieux, adressèrent au Préfet des demandes de concession de mines de zinc, cuivre et pyrite et anthracite. Monsieur Magne-Lalardie poussé par Monsieur de Vococourt et consorts avait rejoint la demande en concession de ces Messieurs. C’est alors que Messieurs Jaille et Sautet, avertis par la publication provoquèrent une demande en concurrence.
Monsieur le Préfet, à la suite du rapport des ingénieurs des mines, promulgue un arrêté le 3 octobre 1884, interdisant à M. Sautet la continuation d’exploitation en utilisant les produits, bien que cette société ait effectué un certain nombre d’investissements très coûteux sur Périgueux et que leur compétence en la matière ne soit plus à faire. La partie adverse en contrepartie ne possédait aucune connaissance d’extraction et d’utilisation du produit.

Le rapport des ingénieurs considérait que la concession devait être concédée, au premier demandeur, Mrs Vococourt et consorts, dont un des intéressés, M. Laguionie serait l’inventeur de la mine. La société des engrais agenais réfute cette assertion et considère que l’inventeur est M. Sautet dont M. Laguionie n’était que l’employé, (parent de M. Magne-Lalardie).

Le 26 octobre 1884

M. sautet et la société agenaise continuent d’exploiter la mine malgré l’arrêté du Préfet, ce fut donc deux conseillers municipaux qui durent alerter les pouvoirs publics de la non observation de l’arrêté, MM. Marty Jean et Nicolas.

Le 1er juin 1885

le Préfet du Lot-et-Garonne intervient par lettre personnelle auprès du Préfet de la Dordogne en faveur de M. Jaille, pour l’attribution de la concession de la mine.
Le conseil d’état fut saisi par la suite d’un projet de décret, tendant à instituer en faveur de la société anonyme des engrais et du sieur Sautet, la concession des mines de pyrites de fer des Chabannes.
Le conseil d’état émet l’avis en accord avec le conseil général des mines, de fixer l’indemnité à attribuer à M. Laguionie à la somme de 8.000 frs, pour l’invention des gites à concéder, de fixer à 0, Fr. 10 par hectare la redevance annuelle à payer aux propriétaires de la surface

Un décret du président de la république, Jules Grévy, en date du 20 juillet 1886 vint mettre fin à l’imbroglio, il est décrété qu’il est fait concession à la société anonyme des engrais agenais et au sieur Sautet fabriquant de produits chimiques à Périgueux, des mines de pyrites de fer définies par les communes de Thiviers, Saint-Romain et Saint-Martin-de-Fressengeas, cette concession prendra le nom de concession des chabannes selon les délimitations suivantes :
Au nord, par une ligne droite menée de l’angle sud-est de la maison du sieur Grandjean Lespinasse, à l’angle sud de la maison du Sieur Jean Favard, au village de la Rochette, point B.
A l’est, par deux lignes droites ; la première du point ci-dessus défini, à l’angle nord-est de la maison du meunier pierre Lafont, point G ; la seconde menée du point à l’angle nord-est de la métairie du sieur de Vaucocour, au lieu dit Planaud, point D.
Au sud, par une ligne droite menée du point D, ci-dessus défini, à l’angle nord-ouest de la grange de la dame veuve Ladou, au village de Saint-Romain, point E.
A l’ouest, par une ligne droite menée du point E, ci-dessus défini au point de départ A.
Les dites limites renfermant une étendue de trois kilomètres carrés quarante cinq hectares.
L’article 4 prévoit l’attribution aux propriétaires de la surface une redevance annuelle de dix centimes par hectares.
L’article 5 prévoit une indemnité au sieur Laguionie, pour l’invention des gîtes, d’un montant de huit mille francs.
L’article 8 rejette la demande présentée le 7 juillet 1884 par les sieurs de Gaillard de Vococour (Jules Auguste, Albéric), de Gaillard de Vococour (Frédéric), Magne-Lalardie, Sudrie et Bernard du Temple.

Le 4 septembre 1886

La société des engrais agenais de la maison Jaille, (Alexandre Jaille, Sylvin Mathieu et Léon Troupel), signale à M. le Préfet de la Dordogne que par sous-seing privé en date du 25 août 1886, M. Sautet à cédé sa part de la concession de la mine des Chabannes à la société anonyme des engrais agenais. De sorte que cette société détient la totalité de la concession.

M. Franklien, ingénieur, directeur des travaux de la mine des Chabannes, par lettre en date du 10 août 1898 informe M. le Préfet de la Dordogne de son intention de suspendre définitivement tous travaux sur cette concession.
A mesure que le chantier s’éloignait du puits d’extraction, la minéralisation était de plus en plus faible, la teneur du minerai qui était de 44% était tombée à 23%.

Un rapport des ingénieurs des mines est transmis à M. le Préfet le 19 avril 1899, faisant état de la cessation des travaux. Le puits d’extraction de 22 mètre de profondeur a été comblé, les tranchées et excavations ouvertes sur les affleurements des filons exploités en prolongement ont été remblayées. Les travaux de sécurité du chantier ont été terminés en décembre 1898.

Le 9 novembre 1923

Un décret est signé par Monsieur Millerand, Président de la République, acceptant la renonciation de la société des manufactures des glaces et produits chimiques de Saint-Gobin, Chauny et Cirey, à la concession des mines de pyrites de fer des Chabannes. Cette société avait acquis entre-temps les droits de la société précédente.

Ainsi prend fin la merveilleuse histoire de la mine de pyrite de fer de Saint-Romain-et-Saint-Clément.

Photo : Par Didier DescouensTravail personnel, CC BY-SA 3.0, Lien

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